Friday, February 15, 2013

Jouir sans nuire

 Peut on jouir sans nuire?
Alors que les soldes prennent à peine fin, un nouveau défi se lance sur le monde du chiffre... La St Valentin!
Pour cette date, alors que des couples bienheureux seront les cibles bien choisies des commerciaux, commerçant et tous les commerces du monde, d'un marketing bien rodé et en perpétuel renouvellement, d'autres resteront sur le carreau.

Il y aura celles et ceux qui se diront célibataires pour la St Valentin et qui seront fiers ou indifférents face à cet état de fait. Après tout, quelle importance! Une autre journée comme celle de la veille, un peu plus longue car le soleil brillera plus longtemps et puis après?

Il y aura ceux qui seront seuls et tristes, pleurant face à une nouvelle solitude ou une trop ancienne qui ne veut pas les quitter, se disant que leur plus gros malheur est de ne pas avoir été choisi par cet autre, cet unique qui ne devrait voir qu'eux et qui n'arrive pas... Ce prince charmant, cette petite princesse qui ne les voit pas alors qu'ils sont là, n'attendant rien d'autre que d'ouvrir les bras...


Il y aura ces couples qui font semblant, cachant sous un peu de fard à paupière, une larme, un bleu, un désespoir.
Ils s'offriront des fleurs, un pull, un parfum et si les moyens sont plus grands, un week end au soleil à l'autre bout du monde. Mais ils feront semblant, restant ensemble pour des enfants, un loyer, un crédit, un lien trop difficile à casser, une mauvaise raison, un défaut de courage ou par courage parce qu'on n'a pas toujours le choix... Il paraît.

Il y aura ces heureux, amoureux d'un jour, d'une nuit, d'un an ou d'une vie. Ceux qui auront attendu tout le jour que la nuit tombe pour dans son ombre s'embrasser à tout rompre comme un premier baiser, une première nuit, une première fois encore ensemble.

Et puis il y aura elle. Et lui.
Elle, seule dans son lit.
Lui, seul dans le sien.
Elle qui pleure, qui souffre, qui lutte. Tentant de trouver le sommeil, le repos face à ce nouvel obstacle. Un nouveau? Le dernier?
Se demandant s'il y aura un demain, si leur histoire pourra encore s'écrire au futur ou s'il faudra bientôt porter un deuil que personne ne veut voir.
Il sera las, tentant de trouver le repos, tentant de vaincre ce qui pourrait le détruire. Autour de lui, les médecins qui s'affairent.
Il attend un nouveau cœur, des nouveaux reins.
Il attend mais dans cette attente des opportunistes attaquent et détruisent le reste de force, le reste de ressources dont ce corps a besoin pour sauver cette vie, cette histoire, leur amour.
Un jeudi soir comme un autre?
Pas vraiment!
Une St Valentin comme les autres?
Pas vraiment.
Assis près de moi, mon ami, mon amour. Celui que j'ai mis si longtemps à trouver, celui que je voudrais garder pendant des années.
Et dans mon cœur, mon amie, ma meilleure amie, et son mari dont l'état de santé est si grave que chaque mot qu'il prononce n'est plus qu'une hérésie.
Elle ne viendra pas travailler demain. Elle restera près de lui.
Je voudrais qu'elle revienne et qu'elle m'annonce qu'il va bien. Que son calvaire est fini, qu'il va vivre.
C'est la St Valentin et je voudrais offrir ce qu'aucun commerçant ne peut vendre: un cœur neuf à cet homme qui attend depuis trois ans, une nouvelle vie à ce couple qui survit depuis que la santé a décidé de déserter leur foyer.
Je voudrais juste que ceux que j'aime, ceux qui comptent puissent avoir droit aux mêmes petits bonheurs que moi: se demander s'ils partiront en vacance en juin ou en juillet, calculer combien il leur reste pour finir le mois après les dépenses des soldes, ce qu'ils pourraient bien cuisiner ce soir.
Je voudrais qu'ils ne se demandent pas si demain le soleil brillera pour les deux ou juste un, car je ne connais pas plus grand chagrin que celui de perdre à jamais ces gens qu'on aime qu'ils soient nos frères, nos pères, nos amants.
La mort fait partie de la vie.
La maladie aussi.
Mais 45 ans c'est trop tôt. Et partir avant l'autre c'est toujours trop dur pour celui qui reste.
Il y a encore des couples qui s'aiment après 60 ans de vie commune.
On ne peut pas vivre éternellement... Mais si seulement on pouvait vivre longtemps en bonne santé, aimés de nos proches qu'on aime en retour.
L'amour, l'amour. Toujours ce mot à la bouche. Mais celui qu'on aime et avec qui on a choisi de partager sa vie peut être une sœur, un ami.
L'amour, celui qu'on partage avec l'autre dans un lit n'est pas le seul qui unit les âmes et les vies.
Je colère contre ceux qui pestent d'être célibataire en cette journée. Mais que diable, c'est une journée commerciale!
Si vous n'avez plus ni ami ni famille.. Oui, pardon. Mais si autour de vous il reste des amis, de la famille pour vous appuyer, alors vous n'êtes pas si pauvres et le chagrin n'est pas si grand.
La mort.
Il n'y a qu'elle qui enlève à jamais ceux qu'on aime, il n'y a qu'elle qui annonce la fin de tout espoir, il n'y a qu'elle qui annonce réellement une fin.
Alors si elle n'est pas là, frappant à la porte, non, vous n'êtes pas si mal.
Et oui, vous pouvez encore vous relever et vous battre, puis être heureux aussi.

Jouir sans nuire... Ai je le droit d'être heureuse quand ceux que j'aime sont si tristes?



2 comments:

  1. Ton texte est bouleversant. Et tu as raison, il y a des choses tellement plus importantes...

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    1. c'est un peu brouillon, trop d'idées, trop d'émotions et des mots qui défilent trop vite...
      oui, il y a des choses si importantes et si impossibles à maîtriser...

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