Sunday, June 24, 2012

On m’a appris à écraser les hommes

On m’a appris à écraser les hommes, les méchants, ceux qui ne respectent pas les femmes, ceux qui oublient qu’elles ont une âme. ‎
On m’a appris à écraser les hommes. ‎
Tous. ‎
Même ceux qui vont me faire sourire de tendresse et vont tomber dans mes filets de tigresse déguisée en matou mignon et tout ‎doux.‎
Alors, depuis cet instant de tendresse, ce moment de lucidité où je suis, je vous le dis : ne me regardez pas avec cette admiration, ‎cette tendresse qui fait de vous un chaperon rouge qui admire sa mère grand et se fera dévorer tout cru par un méchant loup même ‎pas affamé.‎
Ne m’admirez pas comme une déesse sage et magnifique, inaccessible sur son nuage et qui, oh, surprise, a déposé son petit pied ‎tout près de vous, car la déesse devient démon et pendant que vous vous noyez dans mon regard, ce n’est pas dans un océan bleu de ‎solitude que vous vous retrouverez quand je fermerai les yeux, mais embourbé dans un marécage noir de sables mouvants qui ne ‎vous laisseront pas sortir de ce piège avant qu’une main honnête ne vienne se tendre pour vous porter secours.‎
On m’a appris à écraser les hommes. On m’a appris à survivre dans une jungle où les hommes sont les boas du petit prince ‎capables d’avaler en une seule bouchée un éléphant d’Asie ou d’Afrique. Et si comme l’éléphant je me retrouvais coincée dans le ‎ventre du boa, sans hésitation trop longue, je sortirai mon opinel pour ouvrir le ventre qui m’emprisonne et m’empêche de respirer. ‎
On m’a appris à écraser les hommes. Mais je sais que tous les hommes ne sont pas mauvais. ‎
Et je ne veux plus écraser les gentils.‎
Alors dans cet élan de sympathie et de lucidité, je vous le dit : j’ai appris à écraser les hommes, alors soyez un homme, pas un boa ‎ni un chaperon rouge. Soyez mon ami, soyez mon égal et derrière mon sourire disparaîtront à jamais les dents du crocodile affamé ‎et celle du grand méchant loup qui n’a pas faim du tout, derrière mon regard disparaîtra le marécage de sable mouvant et peut être ‎même l’océan noir de solitude. Ah, j’en ai pas parlé de celui là ? J’vais pas tout dire quand même, il y des boas partout dans cette ‎jungle !‎

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