Monday, February 4, 2013

L'autre comme moi


Il y a quelques jours, je sortais du cinéma, une phrase en tête, phrase répétée deux fois dans le film: "we accept the love we think we deserve"
Oui, je regarde les films en version originale et accessoirement je comprends une partie de l'anglais, ce qui permet de mémoriser ce que j'entends, pas ce que je lis...
Pourtant, c'est de ce que je lis dont j'ai envie de vous parler.
Je n'accepte pas l'amour de cet autre qui n'est plus mais est ce que je l'aime tant parce que dans ses écrits je retrouve une partie de que je pense être moi?
On en revient à l'éternel slogan: on aime ceux qui nous ressemblent... Mais alors pourquoi les contraires s'attirent ils?
Je répète une phrase trop souvent répétée: l'amour a ses raisons que la raison ne connait pas.
Ne cherchez pas d'explication à l'amour qui


nait en vous, l'amour ne s'explique pas... Enfin, il paraît!
Mais je voudrais comprendre pourquoi j'aime tant cet homme, tant ses écrits.
S'il était encore en vie, je n'aurai qu'une envie, le rencontrer, le confronter, parler avec lui plutôt qu'à Dieu.
Il me touche tant, que chaque fois que je fini une de ses histoires, je me dis, non, encore, pas comme ça, pas maintenant, pas si brutalement... Et pourtant, je le sais, je le vois, je le lis. La fin est ici, au meilleur endroit où l'on pourrait la trouver.
Une fois de plus, je vous parle de Saramago.
Depuis plusieurs mois, j'ai commencé la lecture du "Manuel de peinture et de calligraphie."
C'est un roman. Un roman d'un peu moins de 300 pages.
José Saramago ne prétend pas ici, dire comment il convient de peindre ou faire de la calligraphie. J'ai découvert, intriguée, son nouveau personnage.
Il m'a fait sourire de plaisir et de fierté parce que je suis une femme et que cet homme, comme José Saramago, tient en estime les femmes.
Il sait que ce sont elles qui décident.
Puis, ce personnage, qui décide de faire son autobiographie en racontant ses voyages, m'a ennuyée. Perdue dans les noms de peintres, des musées et des toiles, Saramago ne m'a pas ennuyé, mais son personnage oui.
J'ai mis du temps a poursuivre et je ne comprenais pas où ce bal de mots m'emportait.
Impatiente, je voulais connaître la fin, connaître le message de mon auteur guérisseur de plaies.
Mais je ne trouvais pas, je ne comprenais pas. Et l'histoire avançait, doucement, au rythme de ce peintre qui un jour décide d'écrire, puis de changer sa façon de peindre.
Puis j'ai dévoré les 20 dernières pages, sachant que la fin approchait, tenue par les émotions, tendue dans cette atmosphère détendue, les larmes venant parfois à mes yeux alors que je n'explique pas cette montée d'émotions, je ne la comprends pas ou plutôt, je ne la devine pas.
Et voilà comment une fois de plus, Saramago, cet autre que je ne suis pas, cet autres que je voudrais tant un jour rencontrer, Saramago m'a encore émue, touchée, et je meurs d'envie de relire ces phrases que j'ai coché marquant le livre de coins cornés, non pas pour suivre une lecture, mais pour sauvegarder à porter de main, à porter de regard, ces phrases qui m'ont touchée.
Aimez le ou ne l'aimez pas, mais sachez que je l'aime de cet amour absurde qui pardonne a l'autre tous les égarements du monde.
Ci dessous, quelques phrases pour vous mettre l'eau à la bouche ou vous faire comprendre que Saramago n'est pas une lecture pour vous.
"C'est surtout l'idée du prolongement à l'infini qui me fascine. Je pourrai toujours écrire, jusqu'à la fin de ma vie, tandis que les tableaux, refermés sur eux-même, repoussent. Ils sont isolés à l'intérieur de leur propre peau, ils sont autoritaires et ils sont eux aussi insolents."
"j'inquiète Olga la secrétaire, je l'énerve, je rends sa respiration plus agitée, je suis une espèce d'hypnotiseur, capable de l'étendre sur la table d'un simple geste pour la posséder lentement en pensant à autre chose, peut être au vert du jardin, peut être à cette étrange frange de lumière posée sur la bordure du cadre. Et en me retirant je serai assez négligent pour laisser sur la surface étincelante de la table un sillage filiforme, en relief comme une cicatrice blanche, à l'intérieur duquel s'agitent mes enfants qui ne naîtront pas."
"Voilà pourquoi je suis tellement certain de cette vérité simple: le moi de cet instant précis est fondamentalement différent du moi que j'étais il y a une seconde, parfois il en est l'opposé, mais ce moi est toujours et sans l'ombre d'un doute autre."
"Personne n'aurait pu croire qu'en ces deux occasions elle avait emporté en elle une parcelle de mon corps, une sécrétion, un liquide incroyable où flottent et nagent par millions des candidats à un parasitisme particulier."
"Pour cette raison, celui qui tient vraiment à conserver ses amis vit dans la crainte de les perdre et passe tout son temps à s'adapter à eux, comme la pupille obéit à la lumière qu'elle reçoit."
"Je pense que les temps promis s'annoncent à son de trompe, que nous autres humains n'entendons pas, car nos organes rudimentaires de l'ouïe sont incapables de capter la vibration très aiguë du son."
"Il est monstrueux, je le répète, d'avoir éprouvé de la gratitude, car cette gratitude est encore une fois du soulagement, preuve par neuf de la persistance des attitudes égoïstes de l'homme, de sa lâcheté innée, et aussi de cette effronterie qui lui permet de se flatter, au moins vis-à-vis de lui même, que tous les gestes et les mots antérieurs avaient délibérément pour but de forcer l'autre (la femme) à prendre la décision finale."
"Une peau vieille, desséchée, crevassée, couvre ces pages d'écailles blanches et noires qui sont les mots et les espaces entre eux. En ce moment, je suis écorché comme saint Barthélémy, c'est une image, pas une souffrance. Je retiens encore des restes de peau ancienne, mais sur les fibres des muscles et sur les cordes des tendons s'étend déjà un réseau fragile, première métamorphose de mon ver à soie personnel qui, je le suppose, aura une autre vie dans son cocon et pas la mort."


2 comments:

  1. Bonjour
    Je viens de découvrir votre blog par l'intermédiaire d'un de vos commentaires sur un autre blog.
    Pourriez-vous s'il vous plait ajouter une rubrique "newsletters" pour être prévenu par e-mail à la parution de nouveaux articles?
    Merci par avance
    Une lectrice
    L.................

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    Replies
    1. Bonjour,

      Désolée pour cette réponse tardive, il faut dire que le temps me manque un peu dernièrement. J'ai pris bonne note de votre demande et je vois pour mettre en place ce que vous demandez, si c'est possible. J'aime écrire, mais je ne suis pas une geek et je ne maîtrise donc pas tous les rouages de blogspot. Peut être qu'en s'abonnant au site vous pouvez obtenir cette information, sorte de news lettre. Mais dés que j'ai un peu de temps, je vérifie les possibilités offertes par blogspot.
      À très bientôt.

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