Ne rien dire, ne rien faire qui puisse le dévoiler.
Cacher ou détruire toutes les preuves de son existence.
Le secret ne doit pas exister, ne doit pas se murmurer, il ne faut pas
en parler.
Pour rester secret, il faut agir comme s’il n’existait pas, comme s’il
n’avait jamais existé, comme s’il n’existera jamais.
C’est une ombre sans ombre, l’invisibilité d’un savoir que l’on doit
feindre d’ignorer.
Comme un fruit défendu, dans l’ombre de la mémoire il revient chaque
jour hanter son porteur.
Révèle-moi ! Partage-moi ! Nous crie t’il, nous faisant
croire qu’une fois divulgué, il sera moins lourd à porter.
Mais s’il est devenu secret, on ne peut l’ignorer, c’est que sa
révélation ne serait pas sans dommages.
Comme le petit pain au chocolat, si bon, si fondant, qui derrière la
vitrine vous crie : Mange moi ! alors que vous êtes au régime et que
cet écart ne vous est plus permis… petit problème d’insuline !
Alors le secret vous ronge le bout des doigts, et à chaque tentation,
les mots affleurent vos lèvres et soudain, à la dernière seconde, la raison
vous arrête.
Le secret prononcé n’est plus un secret. Le moindre mot, et s’en est
fini, le monde entier pourrait savoir.
Parce que la tentation est grande de le dire à Machine. Mais un secret,
on le sait bien, c’est un bruit de couloir qui se propage en téléphone arable,
une rumeur qui gonfle et fini par éclater au grand jour de la façon la plus
surprenante et la plus douloureuse qu’il soit.
Car Machine sait bien que c’est un secret mais il lui brûle les lèvres
autant qu’à vous… mais l’impact de la révélation lui pèse bien moins qu’à vous.
Alors Machine va le dire à Truc, précisant qu’il s’agit d’un secret. Et
Truc, bien surprise, va le dire à Muche, qui le dira à Patin puis Coufin et
soudain, après quelques tours, le secret ne sera plus un secret et celui ou
celle qui ne devait pas le découvrir, l’apprendra, le saura, le découvrira.
Avec un goût amer de celui qui découvre en dernier, ce petit secret si mal
gardé qu’il aurait du apprendre en premier….
Et voilà le secret éventé, percé, publié.
Il n’est plus un secret.
Et la honte, la peur ou la joie, tout ce qui vous avait poussé à le
cacher seront exacerber dans leur mauvais cotés, diminués dans leurs plus
belles faces.
Alors que, le secret, si vous êtes patient, le temps vous permet de
l’oublier, d’apprendre à vivre avec et de savoir quand, comment et pourquoi il
vous faudra en parler ou vous taire à tout jamais. Et s’il faut se taire, n’ayez
pas peur, c’est comme tout : au début, on a peur, après on s’inquiète,
puis on s’habitue et au final, on oublie qu’on porte un secret, on oublie que
c’est un secret et on vit paisiblement, comme si le secret n’avait jamais
existé… à condition toutefois, d’avoir bien effacé toutes les traces, toutes
les preuves, tout ce qui pourrait donner vie au secret…
Bon, c’est quand même pas une raison pour aller tuer votre voisin de
palier parce qu’il vous a vu embrasser un autre homme que votre chéri…
Là, les Loulous, il est temps de prendre une décision : quitter
chéri ou quitter l’amant et vivre comme si la scène n’avait jamais existé :
de toute façon, il n’a pas pris de photo et c’est sa parole contre la votre…
Mais chéri enfin, tu ne vois pas qu’elle est jalouse de notre bonheur et
qu’elle veut juste nous détruire ? Mais vas y, fouille dans mon sac, mon
téléphone, mon agenda… tu vois bien qu’il n’y a personne d’autre que toi.
Au préalable, Mesdames, pas de sentiments : effacez toutes traces
de l’intrus qui a faillit détruire votre couple ! après tout, c’est quoi
votre choix ? l’amant ou le mari ?
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