Monday, October 27, 2014

non, je ne suis plus la même

Non, je ne suis plus la même.
Je ne pensais pas qu’un jour, un nouvel arrivant dans ma vie me changerait.
Je ne pensais pas qu’il était possible de subir une brutale transformation intérieure, sans même l’avoir commandée, espérée, attendue, envisagée…
Je ne pensais pas qu’en une fraction de seconde ma vie pouvait être à ce point bouleversée et que soudain, je devenais une autre tout en étant toujours un peu la même.
Mais je ne suis plus la même. Je suis une autre et la même à la fois.
Et chaque fois que j’y pense, « mon rêve familier » de Verlaine me revient.
Je suis maman.
J’ai un enfant.
Et ces deux phrases représentent

tout ce que je suis de nouveau et qui ne sont pas celle que j’ai été avant de croiser le regard de celui que j’appelle mon fils.
Je ne sais pas vous, mais je sais moi, que de le voir lui, ça a eu l’effet d’un électro choque.
Personne, avant, ne m’a prévenue. Ou peut être si. Mais je n’ai rien entendu.
Depuis qu’il est sorti de mon ventre, qu’il a croisé mon regard, je sais.
Depuis, je comprends qu’avant ça, oui, les autres mamans avaient raison : je ne pouvais pas comprendre.
Je ne pouvais, même avec toute l’empathie du monde, comprendre une fraction de ce que ressent une maman pour son enfant.
Et avec l’arrivée de mon enfant, j’ai compris soudain tout le chagrin, toute la douleur qu’en tant qu’enfant j’ai pu donner à ma propre mère.
Et je regrette mon insouciance d’enfant qui ne peut pas savoir, imaginer un instant l’importance de ce lien qui unit la mère à son enfant, à ses enfants.
J’ai beau me dire que la force de ce lien, de cette émotion qui me tient les tripes, ce n’est rien d’autre qu’un instinct animal. Ca ne change rien au fait que 1) je ne pourrais rien y faire, 2) que j’aime ça.
C’est un coup de foudre foudroyant qui me réduit à l’esclavage d’amour pour lui et qui, sur son passage, pourrait tout détruire.
Je ne suis plus tout à fait la même.
J’aime encore la poésie, les voyages, la cuisine. Je déteste toujours autant faire le ménage, être enfermée dans la routine et la maison.
Mais renoncer à voyager, à écrire pour rester prêt de lui, prendre soin de lui, faire ses lessives et le ménage, ne ressemble plus à un renoncement.
Ce n’est pas une abnégation, je sais que ce n’est qu’une question de temps. Aujourd’hui, je suis tout pour lui : son réservoir de lait, d’amour, de chaleur, de tendresse, de réconfort.
Bientôt il sera fort de tout cet amour emmagasiné et il pourra faire sa sieste sans avoir besoin de sentir ma présence, il pourra jouer, dans une pièce différente de celle où je suis, et je pourrais prendre ma douche sans avoir peur qu’il passe sous le rideau et se retrouve trempé, je pourrais cuisiner sans avoir besoin de vérifier sur quelle étagère il fouille et quel nouvel ustensile il essaie de transformer en jouait.
Trop vite, il grandira, et après avoir profité de mes soirées sport ou ciné, je ne trouverai plus le sommeil parce qu’il ne sera pas encore rentré de sa sortie avec ses amis.
Et cette fois, c’est à Jobin que je pense avec « eu sei que vou te amar ».
Oui, je sais que je vais l’aimer, désespérément, je vais l’aimer, pour toute ma vie je vais l’aimer.
Et aucun amour n’aurait pu me transformer comme celui là.
Alors oui, je suis différente.
Je rêve toujours de voyages au bout du monde, de montagnes à gravir, mais le bien être et la sécurité de mon enfant passent avant, et son besoin de moi, passe avant mes besoin de vous…
Alors, pardonnez moi mes amis de ne plus écrire, de ne plus appeler, de ne plus sortir… de ne plus rien prévoir, de disparaître des réseaux sociaux, du monde virtuel, et même parfois du monde réel…
Je ne suis plus tout à fait la même, je n’ai plus tout à fait la même vie, je n’ai plus tout à fait les même priorités.
Mais je suis toujours vraiment la même. Enrichie d’un amour foudroyant, dévastateur, envahissant.
Pardon Doudou de ne plus être la même, le choc le plus violent, c’est toi qui le prend.
Je suis heureuse et triste pour toi, pour nous. Heureuse d’avoir cette expérience magnifique à partager ensemble. Triste de ce sentiment qu’en tant qu’homme, en tant que père,  tu ne puisses jamais effleurer du doigt ce que je ressens. Cet amour si puissant qu’il en devient une douleur  physique. Un amour si violent par la place démesurée qu’il prend dans mon cœur et dans ma vie.
Mais je ne t’en veux pas. Je regrette juste que la nature, si bien faite, donne un instinct si fort à la mère et tellement moins évident au père….
Et avec les petites épreuves qu’on a déjà du traverser depuis qu’il est arrivé, avec la nouvelle place de l’homme dans la famille, dans la vie sociale où les femmes n’attendent pas qu’un soutien matériel de leur partenaire, je suis triste qu’on ne soit pas à égalité dans nos sentiments vis-à-vis de cette nouvelle vie, parce que dans les épreuves, je ne veux pas penser : tu ne peux pas comprendre, tu n’es pas une mère… mais j’aimerai savoir ce que ressent vraiment un père et j’aimerai tellement que ce soit aussi fort que ce que ressent la mère… et parfois, ça l’est…. Et parfois, les mères ne ressentent pas tout ce que je ressens….
Parfois, elles ne sont pas transformées….



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