
9- Charles
La première
fois que j’en ai vu un, c’était ici.
Là, dans
cette salle d’urgences.
Personne ne
parvenait à la calmer.
Une femme,
une furie. C’était une femme tempête.
Deux
policiers tentaient de la maintenir sur un lit médicalisé.
Un des
hommes avait été mordu et saignait abondamment.
Un infirmier
est arrivé et a tenté de la sédater.
Lorsque
l’aiguille est entrée dans son bras, un bref instant, elle a cessé de bouger.
Il a
rapidement appuyé sur le piston de l’aiguille, pendant qu’elle tournait son
visage dans sa direction.
Alors j’ai
vu ses yeux.
Injectés de
sang et plein de larmes.
De sa
bouche, une salive abondante s’écoulait.
Brutalement,
elle s’est relevée, comme si rien ne la maintenait.
Les
officiers sont tombés au sol et elle s’est jetée sur l’infirmier, la tête la
première en direction de sa nuque nue, offrant ses veines, son sang, sa vie…
elle l’a tué.
Le sédatif
ne l’a pas endormie. Il a apaisé une souffrance immense et lui a donné plus de
force pour attaquer ceux qui l’entouraient.
A cet
instant j’ai compris que la seule chose qui épargnerai la vie des autres
patients, c’était sa mort, sa mort à elle.
J’ai attrapé
le scalpel qui attendait qu’on l’utilise enfin, et comme un fou aveugle, j’ai
marché droit sur elle, à contre courant de tous ceux qui la fuyait, et face à
elle, j’ai tranché sa gorge.
J’ai ouvert
le flux des veines pour vider la pompe centrale.
Le sang a
giclé partout.
Je baignais
debout dans le sang de cette inconnue.
Ignorant la
mort qui allait la frapper d’une seconde à l’autre, elle s’est jetée sur moi.
J’ai mis mon
bras devant sa bouche écumante.
Elle a fermé
ses dents sur ma chair.
La douleur
était si grande que j’ai crié, pleuré sans pouvoir retenir ces larmes qui
envahissaient mes yeux sans autorisation.
Puis elle
est tombée.
La pompe
était vide, sèche. Son cœur ne pouvait plus fonctionner, elle entrait dans le
monde de la mort.
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