Monday, September 10, 2012

Récit d'Yves


Yves n'est rien d'autre qu'un pion. Un infect pion qui rit vert.

Je le hais de toute mon âme dans la mesure où l'ignorer m'est impossible.

Si je voulais, si je parvenais à l'ignorer, il pourrait me tuer.

Je ne veux pas mourir.

Ce matin (samedi), l'infect pion a frappé.

Ce n'était pas un TocToc délicat, coucou me revoilà.

C'était un coup sournois, une brûlure silencieuse, une douleur insidieusequi a fini par m'arracher des sanglots, des hurlements contre mon pauvre hommeimpuissant face à ma douleur.

 

Après deux heures à attendre qu'il parte, Yves, j'abdique, je m'effondre, je pleure.

J'avoue, j'ai peur.

Entre deux sanglots, je prends le téléphone. Un appel au secours, sauvezmoi, je crois que Yves est de retour.

J'ai tremblé, quand j'ai cru que le Sauveur ne travaillait plus et qu'ilfaudrait se rendre dans un lieu de plus grandes souffrances où vous nechoisissez pas votre tueur, mais lui vous choisi. Le prix est le même ou piremais l'attente dans le mouroir me tue d'avance: Yves a gagné.

Je compose le numéro laissé sur le répondeur du Sauveur.

Six sonneries retentissent. Je hoquette sous les larmes qui continuent derougir mes yeux et gonfler mon visage.

Soudain, au bout du fil, le Sauveur me répond. Il est là, il travaille, ilm'entend à peine, faut dire que justement, je peine à parler, donner du son àma voix sans être envahie par un sanglot.

Je répète, tentant de rester calme. Je m'effondre et je prononce ces mots:j'en peux plus. Oui, Yves m'a vaincue et même mon moral se meurt.

Il me dit "venez". Mon cas semble suffisamment désespéré pourqu'il accepte de me faire passer avant d'autres, pour qu'il surcharge sonemploi du temps pour vérifier si Yves est bien là et comment en venir à bout enquelques jours.

Je raccroche. Je pleure encore.

Je demande à l'homme s'il veut bien me déposer chez le Sauveur. Il dit oui,à quelle heure? Dès que j'arrive à tenir debout, voilà ma réponse.

Je me glisse sous la douche. Mes larmes se mêlent à l'eau et pourtant, jesens encore mes larmes qui coulent. Je suis pliée en deux et j'ai peur de nepas réussir à me lever.

M'habiller est une nouvelle épreuve. Les poils aux pattes que je n'ai jamaisle temps d'épiler m'empêchent d'enfiler une robe salvatrice: le simple contactde mes vêtements les plus fins, les plus léger sur mon ventre sont une torture.

Ca fait maintenant trente minutes que j'ai raccroché. Il faut que j'y aille,il faut que j'y arrive ou je vais mourir assise ici.

Je croise mon regard dans le miroir des toilettes du cabinet médical.Horreur. C’est à qui ce visage tordu de douleur, rougi par les pleurs?Vraiment, c'est le mien?

Affolant. Non Doudou, s'il te plait, ne me regarde pas.

Le médecin, mon Sauveur, vient me chercher dans la salle d'attente où Doudouet moi étions seuls.

Il est doux, compatissant. Il me fait sourire, il est parfait. Je ne suisjamais arrivée dans cet état chez lui. Je tiens toujours le coup. C'est montruc, tenir debout, tenir le coup, la tête haute, ne rien montrer.

Mais là, je ne peux plus rien cacher.

Il vérifie. Yves est dans la vessie, les reins vont bien.

Je ne suis pas un animal, mais contre les monstres qui m'attaquent sanscesse, il va falloir faire un traitement de cheval. Antibiotiques pendant 5jours, à raison de 2 comprimés 3 fois par jours. Idem pour les antidouleurs.

Je respire. Merci Docteur.

Et l'examen prévu mardi devra être reporté, car celui qui doit aider àcomprendre les récidives (Récit d'Yves) ne peut être réalisé si je souffred'une infection urinaire, mon infect pion qui rit vert.

Ironique ou pas, j'ai fait un test urinaire mercredi, pour être sure que toutirait bien pour mardi. Les résultats communiqués vendredi disaient que toutétait clean. Pas de danger à l'horizon.

Alors autant vous dire que samedi matin, le moral a pris une claque.

Ce qui me réconforte: l'idée que j'ai échappé à une attente interminable etdouloureuse dans une salle d'attente pleine de monde des urgences d'un hôpitaloù les toilettes sont les plus sales que j'ai jamais vu.
Souvenirs de monpremier épisode d'infection: 5 heures d'attente sans une goutte d'eau à boire,toute une nuit, entre minuit et cinq heure du matin où la torture était énorme,où je suppliait mon compagnon de l'époque de me ramener chez moi pour avoir destoilettes propres et de l'eau.
Mais dans la peur de l'inconnu, on est resté àattendre qu'un médecin finisse sa sieste peut être pour s'occuper de leur seulepatiente des urgences: moi.

Vous êtes médecin urgentiste? désolée, je hais les urgences de toute mon âme, un peu comme Yves, ils ne me laissent que de mauvais souvenirs.

 

2 comments:

  1. C'est vraiment horrible comme situation. J'espère que le traitement va vite être efficace !

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    1. j'espère aussi. j'espère surtout qu'avec la batterie d'examens que je dois faire on trouvera le pourquoi du comment et qu'on pourra mettre fin à la série qui commence sérieusement à ruiner mon moral.

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