Tuesday, October 23, 2012

Y a des places assises

Mais les gens restent debout
Près de la porte, agglutinés, prêts à sortir, ou à gêner la sortie, ou l'entrée
Y a des places assises et personne ne les veut. Ils les regardent l'oeil envieux mais refusent de quitter leur place, debout, au chaud contre la porte.
Et ils refusent aussi de vous laisser passer, accéder à ce confort qu'ils ne s'autorisent pas à eux même alors encore moins à vous, qui sortez épuisée d'une harassante journée de travail. Mais vous jouez des coudes et volez cette place convoitée et méprisée.


Il y a des places assises de libre et tout le monde reste autour, le nez pincé, il ne faut pas s'assoir.
C'est une autre histoire, un autre soir, un plat rendu sur un fauteuil qui restera perdu jusqu'au prochain grand ménage.

Il y a des places assises dans un train bondé et personne ne s'assoit.
Un homme seul occupe quatre places et vous ne comprenez pas le danger qui vous guette, attirée par ce vide sur ces places. Vous foncez tête baissée et prenez place, le nez dans votre livre face à l'homme seul.
Autour de vous, la foule s'agglutine et personne ne vous suit. L'homme change de place et s'installe près de vous. Constatant que vous êtes dans le sens de la marche du train alors que vous préférez le contraire, vous saisissez le vide en face et laissez à nouveau l'homme seul sur sa banquette.
Mais il vous suit. Soudain vous levez les yeux, sentez l'odeur et comprenez ce qui se passe. Cet homme qui prend le train aux heures de pointe n'a pas de billet, pas d'argent, pas de salle de bain, pas d'autre toit que le ciel et les ponts où il trouve parfois refuge.
Vous avez pris la place du SDF qui, habitué à sa solitude vous approche pour mieux vous faire fuir. Mais vous ne vous démontre pas, vous avez 20 ans, peur de rien et lui signifiez qu'il y a bien assez de place pour deux sur ces banquettes alors vous prenez celle d'en face et qu'il reste sur la sienne.
Inconfortables, les autres usagers se taisent et profitent du spectacle.
Surpris qu'on lui parle sans avoir peur de lui, en le plaçant à votre égal, il vous respect soudain et garde sa banquette sans plus venir sur la votre jusqu'au moment où sur le quai apparaîtra le nom de votre station. Vous partirez en lui disant au revoir et il reprendra ses quatre places, marquant son territoire d'une odeur que je n'avais pas sentie dans la moiteur du métro .

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