Wednesday, March 6, 2013

Journal de Tueurs #12 Ludwin


12- Ludwin


Il se dégage de cette femme quelque chose d’étrange.
Mon partenaire lui parle d’une mort horrible, d’un traumatisme sans mot et elle reste là, à moitié nue, nous regardant sans la moindre émotion dans le regard.
Sur son visage on ne lit pas la moindre surprise et contrairement à nos attentes en pareilles circonstances, elle ne prononce aucune de ces phrases sur lesquelles nous avions parié.
Pas le moindre son ne sort de sa bouche depuis le début du récit.
Rien.
Un silence si troublant qu’il me semble que cette scène est irréelle.

Je vais me réveiller.
En attendant, je plonge et me noie dans son regard d’un bleu si clair, si pur, si froid. En vain, je cherche le moindre mouvement de compassion, de détresse, de peur, de surprise…
Rien.
Et sur sa peau doucement dorée par un soleil qui commence déjà à me brûler la nuque à cette heure matinale, pas une ride.


Sur ces lèvres, un rictus léger, comme un sourire qu’elle ne peut retenir.
Pendant que je me noie devant cette beauté plastique et froide, mon collègue récite, se trouble devant ce silence, attendant une question qui ne vient pas.
Je ne sais pas ce qu’il pense, mais pour moi, cette femme est coupable.
Il me regarde.
C’est mon tour.
Poliment, j’invite l’assassin aux yeux de glace à nous suivre.
Désignant sa tenue légère (un simple débardeur et une petite culotte blanche : de quoi parfaitement vous déconcentrer sur un corps aussi parfait), elle nous demande l’autorisation de s’habiller.
Sans un mot, je m’incline et ferme les yeux une seconde en signe d’accord.
La porte se referme et derrière, à l’abri de nos regards, elle part en quête de vêtements.
Machinalement, je regarde l’heure. 11h30, déjà.
La matinée était passée si vite.

Je regarde mon collègue, son regard entendu m'indique qu'il ne doute pas une seconde de sa culpabilité. La main posée sur son arme, il guette sa montre et les autres issues potentielles de la maison.
Je suis convaincue qu'elle reviendra, sans mettre la moindre difficulté à son arrestation.
Son regard dur racontait tant de choses.
La porte n'est pas close depuis plus de 3 minutes qu'elle réapparait, n'ayant ajouté à sa tenue qu'un simple jean bleu clair moulant parfaitement ses formes délicieuses.
Sous son t-shirt on devine encore sa poitrine nue, ses petits seins fermes qu'on aurait envie de lécher.
Mon Dieu, cette femme pourrait me faire perdre la tête.
Son regard à mon endroit trahit l'absence d'innocence. Elle n'ignore pas sa plastique, cette arme facile qui pourrait faire d'elle une parfaite mante religieuse.
J'aurai pu être une victime parfaite pour elle.
Moi, le policier qui regarde ses petits seins ronds, son cul sexy et qui retient l'érection qui se réveille, oubliant ma fonction, pourquoi je suis là, et une fraction de seconde, ce que j'ai vu ce matin... ce macabé nu, noyé dans son sang que les draps blancs et le matelas n'ont pu absorber.
Elle a avec elle une petite sacoche. Je me demande si elle n'y a pas glissé un couteau.
Soudain, je tremble.
Et si, montant à l'arrière de notre véhicule, à travers les grilles, elle glissait un pic long et pointu et nous tuait?
Je suis passager. Trop jeune par rapport à mon équipier pour qu'il me laisse le conduire.
Je surveille le rétroviseur sans discontinuer.
Elle n'essaye pas de nous parler. Elle reste assise, calmement.
Soudain, ces yeux se révulsent.
Elle se plie en deux, puis se relève.
Les yeux rouges et plein de larmes, elle regarde droit devant elle.
Madame, Madame!
Elle ne répond pas.
Joe, change de destination, je crois qu'elle fait un malaise. Vite, elle bave, elle ne répond pas et son regard, mon Dieu! C'est pire que tout à l'heure.
Vite, à l'hopital!


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