11- Elisa
C'était une
magnifique fête d'anniversaire.
J'avais
organisé tout dans les moindres détails.
J'avais
simplement oublié combien je haïssais les hommes et je me suis souvent sentie
étouffer sous leur présence surabondante à cette soirée.
Depuis le
baiser de Lila, il me semble que je les hais encore plus.
J'ai passé
la soirée à les embrasser, à les fuir et à préparer leur mort.
J'ai mis au
point des milliers de possibilités pour les tuer. Je me sentais tellement
capable de le faire que je prenais la fuite. J'ai eu cent fois la crainte de
commettre l'irréparable.
Puis je l'ai
fait.
Il était là, ce nouvel amant. Si fier,
au bras de mon amie, mon aimée que je ne pourrais sûrement jamais posséder.
Un instant,
il l'a laissée, ne pouvant rester près d'elle à chaque instant, dans cette
soirée où tous étaient là pour elle.
Alors je
l'ai suivi. Surveillé comme un chat surveille sa souris sournoisement caché
dans un coin à l'abris des regards.
C'était ma
proie. Et comme un chat, je voulais l'attraper, jouer avec et l'achever d'un
coup fatal.
Dès qu'il a
été seul, je l'ai séduit sans difficulté, conduit discrètement dans une chambre
et quand il a cru qu'il pourrait prendre ce qu'aucun n'a jamais eu, j'ai planté
dans sa gorge un couteau.
Il n'a même
pas eu le temps de crier.
J'ai vu dans
ses yeux la surprise. Ses mains gluantes qui s'accrochaient à ma peau sont
tombées le long de son corps déjà allongé sur son lit de mort. Son sexe raide
s'est effondré comme un château de carte sur lequel j'aurai soufflé. J'ai
craché sur son torse cette salive contaminée par ce goût amer du dégoût des
hommes.
J'ai quitté
ce lit, glissé mon corps sous la douche brûlante pour me laver de cette
souillure horrible qu'est le contact d'un corps d'homme puis, en oubliant le
crime que j'avais commis, j'ai remis ma robe de bal, mes escarpins rouges, j'ai
couvert le corps d'un drap, poussé les vêtements sous le lit, puis je suis
ressortie.
Lila ne l'a
pas cherché longtemps.
Elle est
rentrée chez elle, comme si elle savait déjà qu'il ne pourrait pas
l'accompagnée.
Je l'ai
suivie, espérant lui voler un autre baiser, m'endormir près d'elle, mais elle
voulait rester seule.
Le
lendemain, la police a frappé à ma porte.
Ils avaient
trouvé un corps dans la maison que j'avais louée pour la soirée.
La femme de
ménage que j'avais recruté pour tout nettoyer les avait appelée en panique en
début d'après midi quand elle avait commencé à nettoyer les chambres. L'une
d'elle était fermée à clefs. Elle avait eu du mal à trouver le double et quand
enfin elle était entrée dans la chambre, quand elle avait retirer le premier
drap sur le lit, son hurlement avait pétrifié le temps.
C'est la voix cassée, tremblotante qu'elle avait appelé la police, les secours. Elle n'avait réussi à dire qu'un mot: mort. Elle avait répété, hébétée, mort, mort, mort... incapable de donner son nom, l'adresse. Elle restait au bout du fil, la voix atone à répéter, sans discontinuer, le seul mot qu'elle pouvait prononcer pour raconter l'horreur que ces yeux avaient du affronter: mort, mort, mort...
La police avait eu du mal à localiser l'appel, à trouver les lieux. Ils avaient trouvé la femme de ménage dans un état catatonique, recroquevillée sur elle même incapable de parler.
Elle était en état de choc.
J'étais indifférente à la nouvelle.
J'avais commis mon premier meurtre. Et je n'avais pas l'intention de m'arrêter là.
Une pulsion puissante prenait de plus en plus possession de moi.
Je me sentais puissante, invincible.
Ils ont dit qu'ils attendaient que je m'habille. Je devais les accompagner au poste, pour une déposition.
Un sourire narquois ne quittait pas mon visage.
Ils ont su.
Je n'ai pas cherché à mentir
No comments:
Post a Comment