Thursday, January 3, 2013

Journal de tueurs # 11 Elisa

11- Elisa



C'était une magnifique fête d'anniversaire.
J'avais organisé tout dans les moindres détails.
J'avais simplement oublié combien je haïssais les hommes et je me suis souvent sentie étouffer sous leur présence surabondante à cette soirée.
Depuis le baiser de Lila, il me semble que je les hais encore plus.
J'ai passé la soirée à les embrasser, à les fuir et à préparer leur mort.
J'ai mis au point des milliers de possibilités pour les tuer. Je me sentais tellement capable de le faire que je prenais la fuite. J'ai eu cent fois la crainte de commettre l'irréparable.
Puis je l'ai fait.

Il était là, ce nouvel amant. Si fier, au bras de mon amie, mon aimée que je ne pourrais sûrement jamais posséder.
Un instant, il l'a laissée, ne pouvant rester près d'elle à chaque instant, dans cette soirée où tous étaient là pour elle.
Alors je l'ai suivi. Surveillé comme un chat surveille sa souris sournoisement caché dans un coin à l'abris des regards.
C'était ma proie. Et comme un chat, je voulais l'attraper, jouer avec et l'achever d'un coup fatal.
Dès qu'il a été seul, je l'ai séduit sans difficulté, conduit discrètement dans une chambre et quand il a cru qu'il pourrait prendre ce qu'aucun n'a jamais eu, j'ai planté dans sa gorge un couteau.
Il n'a même pas eu le temps de crier.
J'ai vu dans ses yeux la surprise. Ses mains gluantes qui s'accrochaient à ma peau sont tombées le long de son corps déjà allongé sur son lit de mort. Son sexe raide s'est effondré comme un château de carte sur lequel j'aurai soufflé. J'ai craché sur son torse cette salive contaminée par ce goût amer du dégoût des hommes.
J'ai quitté ce lit, glissé mon corps sous la douche brûlante pour me laver de cette souillure horrible qu'est le contact d'un corps d'homme puis, en oubliant le crime que j'avais commis, j'ai remis ma robe de bal, mes escarpins rouges, j'ai couvert le corps d'un drap, poussé les vêtements sous le lit, puis je suis ressortie.
Lila ne l'a pas cherché longtemps.
Elle est rentrée chez elle, comme si elle savait déjà qu'il ne pourrait pas l'accompagnée.
Je l'ai suivie, espérant lui voler un autre baiser, m'endormir près d'elle, mais elle voulait rester seule.
Le lendemain, la police a frappé à ma porte.
Ils avaient trouvé un corps dans la maison que j'avais louée pour la soirée.
La femme de ménage que j'avais recruté pour tout nettoyer les avait appelée en panique en début d'après midi quand elle avait commencé à nettoyer les chambres. L'une d'elle était fermée à clefs. Elle avait eu du mal à trouver le double et quand enfin elle était entrée dans la chambre, quand elle avait retirer le premier drap sur le lit, son hurlement avait pétrifié le temps.
C'est la voix cassée, tremblotante qu'elle avait appelé la police, les secours. Elle n'avait réussi à dire qu'un mot: mort. Elle avait répété, hébétée, mort, mort, mort... incapable de donner son nom, l'adresse. Elle restait au bout du fil, la voix atone à répéter, sans discontinuer, le seul mot qu'elle pouvait prononcer pour raconter l'horreur que ces yeux avaient du affronter: mort, mort, mort...
La police avait eu du mal à localiser l'appel, à trouver les lieux. Ils avaient trouvé la femme de ménage dans un état catatonique, recroquevillée sur elle même incapable de parler.
Elle était en état de choc.
J'étais indifférente à la nouvelle.
J'avais commis mon premier meurtre. Et je n'avais pas l'intention de m'arrêter là.
Une pulsion puissante prenait de plus en plus possession de moi.
Je me sentais puissante, invincible.
Ils ont dit qu'ils attendaient que je m'habille. Je devais les accompagner au poste, pour une déposition.
Un sourire narquois ne quittait pas mon visage.
Ils ont su.
Je n'ai pas cherché à mentir






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