Dernier jour au paradis

C'est un dimanche comme tant d'autre mais il est un jour un peu différent pour moi, un jour comme le dernier jour de paix du condamné.
Après des dizaines d'années en cellule, voici le dernier jour avant la mort.
Le sort est jeté et accepté et en ce dernier jour, la seule chose qui compte ce sont les plaisirs simples que peut offrir ce dernier jour, le dernier jour de repos du guerrier avant de retourner au front.
Alors au réveil, nue contre un corps nu, enivré par l'odeur douce de ce corps chaud, je réveille l'homme en sommeil et l'aime tendrement, fermement jusqu'à l'extase.
Et quand l'homme me quitte, habillée de ce Marcel plein de son odeur et d'un pantalon souple, je descends, pieds nus sur la pelouse que le soleil sèche doucement.
Et parce qu'avant la bataille, le repos est nécessaire, épuisée par cette autre bataille matinale, je m'allonge au soleil sur la pelouse encore humide d'une rosée qui peine à sécher.
Les yeux fermés, je savoure cet instant de repos, de bonheur simple que je n'aurai plus avant longtemps.
Et je me souviens de cet autre instant, un soir de printemps, ivre de bonheur, de solitude ou de rhum, allongée sur la pelouse humide, nue sous les cerisiers en fleurs.
Et je pleure.
Une larme après l'autre, mon visage s'inonde, mon corps aussi.
J'ouvre les yeux. Le soleil à laissé place aux nuages et les larmes sur mon corps sont les adieux d'un ciel qui ne veut pas quitter le printemps et continue jour après jour d'arroser les jeunes pousses du potager.