Friday, May 24, 2013

Le vendredi de l'angoisse

En écrivant ce titre un vague souvenir de jeudi soir me revient, c'était il y a longtemps et si vous n'avez que vingt ans, sûrement ignorez vous totalement à quoi je fais allusion.

Mais il n'est pas question de films aujourd'hui sinon de ceux que je me fais, seule dans ma tête, tous les jours un petit peu.
 
Je suis certaine, ou peut être seulement je l'espère, certaines, certains, se reconnaîtront dans mes angoisses ou riront à perdre haleine face à tant d'imagination.
 
Toutefois, prenons un peu de temps s'il vous plaît, avant, dressons ensemble le cadre, plantons le décors et entrez dans ma peau.... Vous comprendrez peut être.
 
Imaginez une petite fille, jeune frêle, fragile.
 
Mais avec un caractère de cochon... Il y a des choses que même le temps ne changera pas.
Imaginez là, adepte de film d'angoisse alors qu'elle a à peine 13 ans...
 
13 ans....

Elle a toujours partagé sa chambre et son lit avec ses sœurs, elle n'a jamais connu l'obscurité totale pour dormir et soudain, elle a 13 ans, des tas de films d'angoisse en mémoire, des tas de livres dévorés et... Une imagination débordante.
 
Une nuit, elle change de décor, elle a sa chambre seule, dans une grande maison vide, et tout autour, la campagne, pas un seul éclairage public.
 
Quand la lumière s'éteint, il fait noir.
 
Noir comme dans la petite boîte d'allumette où repose le corps d'un papillon mis en terre quelques heures plus tôt.
 
On n'y voit goutte et pour se lever et marcher jusqu'à l'interrupteur, il faut mettre les mains en avant à la recherche du mur, et trainer doucement des pieds pour ne pas trébucher.
 
Dans cette obscurité complète, une porte s'ouvre par laquelle toutes les terreurs nocturnes pénètrent.
Il devient impossible de se lever. Sous le lit, des monstres se cachent prêt à vous attraper les jambes afin de vous interdire l'accès à la lumière, cette tueuse qui les ferait disparaître.
 
Et dans cette nuit de poix, des ombres dans l'ombre circulent en silence.
 
Mais cachée sous les draps, la petite fille perçoit les mouvements de chacun.
L'horreur augmente quand elle tente d'imaginer leurs visages, leurs corps.
Sont ils des monstres difformes aux dents acérées assoiffées de viande et de sang? Ou des monstres gluant en putréfaction inodore car rien n'alarme encore le système olfactif de la petite fille?
 
Ils circulent autour du lit, comme si ce radeau de bois dans la chambre était le rempart magique contre les ombres.
 
Pourtant, elle sent bien parfois qu'ils tentent de s'assoir sur les couvertures, de ramper silencieusement jusqu'à elle.
 
Et les yeux grands ouverts sur le néant, elle tire un peu plus haut les couvertures jusqu'à couvrir la moitié de sa face.
 
Elle ne peut pas hurler. Elle aurait l'air ridicule quand la lumière les ferait tous disparaître.
 
Il faut se battre dans son cœur, il faut être forte et résister.
 
Il faut veiller toute la nuit en les regardant, lutter contre l'envie pressante qui exige de se lever, affronter les monstres sous le lit, ceux sur le passage et avancer jusqu'à la porte pour sortir de la chambre.
 
Un caractère de cochon se doit d'être fort, de ne rien montrer.

Alors elle n'ira pas crier au secours dans la chambre de sa grande sœur.
De toute façon, dans ce lit là, il n'y a plus de place, la petite sœur se cache déjà dans les bras de sa mère de substitution.
 
La petite fille reste là, allongée sur ce lit, immobile, silencieuse, à l'écoute de chaque bruit, chaque mouvement, dans l'attente du petit matin.
 
Mais c'est le sommeil qui va l'attraper, par surprise, comme un coup soudain sur sa nuque, elle va sombrer dans un sommeil sans rêve parce quelque part, un ange veille et éloigne les monstres qui voudraient bien manger un peu de chair fraîche!

 


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