Thursday, May 23, 2013

Page blanche

Celle que j’ouvre pour commencer un texte, ce texte, ce message du jour à écrire sur le pouce, comme j’aurai pris un café après déjeuner.

Blanche la page que j’ouvre, entre deux dossiers à gérer au bureau, les urgences et la culpabilité…. Je regarde la page blanche et me demande, vais-je écrire maintenant ?

Mais puis je ainsi la laisser blanche ?

Puis-je écarter le dossier, le mettre sur le coté, mettre de coté le logiciel de travail et m’absorber sur cette page blanche et y déposer un jeu de lettres, les mélanger, en faire des mots, des phrases, une histoire ?

Ai-je le temps, le droit ?

 

Promesse d’un texte quotidien à tenir mais qui encore lit ces mots ?

Ai-je choisi d’écrire tous les jours pour être lue ou pour continuer un exercice quotidien, comme le peintre qui tous les jours doit croquer un sujet, dessiner pour maintenir la flexibilité de la main, la souplesse du poignet, ne pas perdre la sensation de la mine qui gratte le papier, retrouver les courbes, les angles, regarder les ombres, regarder autrement, ne pas oublier comment dessiner les profondeurs, les perspectives, améliorer son style, le trouver, en changer…

Je ne dessine plus depuis des lustres et l’idée même de reprendre un crayon pour déposer des formes sur une feuille blanche me noue le ventre. Peur de l’échec, du jugement de tous ces autres qui font tellement mieux que moi, de tout ce que je n’ai jamais appris, de toute mon ignorance en matière d’art, d’histoire, de couleurs, de formes, de style…

Blanche la page qui se noircit sous les lettres que je dépose et j’entretiens la dextérité de la main qui tape sur le clavier, la souplesse des doigts qui naviguent d’une touche à l’autre pour déposer la bonne lettre, dans le bon ordre. J’entretiens la mémoire, l’instinct narratif qui m’habite et me pousse à déposer des mots qu’il ne me semble pas avoir choisi, auxquels je n’ai pas pensé un instant avant de les avoir dictés.

Et voilà que je m’interroge à nouveau sur le fonctionnement de notre cerveau, de ce qu’est la mémoire, de ce qui fait l’imagination, de ce qui nous pousse à agir ou à ne rien faire.

Et j’écris encore, parce qu’une fois la source découverte, la soif de mots ne s’étanche pas d’un simple trait qui fermerait l’accès à l’eau. Pourtant il me faudra bien fermer ce robinet, d’autres mots se pressent pour apparaître et quelque part, dans un couloir, se presse un chef pour me donner plus de travail encore…

Je pourrais l’ignorer et continuer d’écrire des histoires, mais si l’envie de perdre du poids est importante, celle de perdre mon toit est nulle.

Alors d’un trait je vais mettre fin à cette histoire qui ne mène sûrement à rien et, qui, je l’espère, ne mènera pas à la perte de mon emploi… en ces temps de crise, se faire licencier pour faute ne serait sûrement pas une bonne idée.

2 comments:

  1. Intéressante question... écrit-on pour être lu ou pour exercer son écriture, travailler son style ? Je crois qu'il y a un peu des deux, parce qu'écrire pour soi-même ne nécessiterait aucune publication (et être lu, c'est avoir au moins une petite chance d'avoir un regard extérieur, c'est en tout cas l'amorce d'un échange) et on ne cesse jamais de s'améliorer, il est donc bon de s'exercer.
    Bises

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    1. il y a peut être deux questions: pourquoi écrit on et ensuite, pourquoi rend on ses écrits publics?
      A t'on besoin de lecteurs pour écrire? A cette question, je dirai non, puisque j'ai commencé à écrire sans avoir la moindre intention d'être lue. Personnellement, j'écris aprce que j'en ai besoin d'abord et ensuite, quand ej me force à tenir la rubrique Quotidienne, pour entretenir la pratique.
      Pourquoi je publie... parce qu'on m'y a incité d'abord, pourquoi je continue? Pour avoir d'autres avis. En tout cas, merci à toi de me suivre si fidèlement.
      Bisous

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